Comment fonctionne le congé maternité en tant qu'auto-entrepreneur ?

Lorsque l’on est auto-entrepreneuse, l’arrivée d’un enfant ne se gère pas aussi simplement que le congé maternité d’une salariée : il faut sécuriser ses revenus, prévenir ses clients sans les inquiéter et réaliser les démarches CPAM dans les temps. Et, comme beaucoup d’indépendantes, vous vous demandez sûrement : quels sont mes droits, quel montant je vais toucher, combien de temps je serai indemnisée, quelles dates je dois verrouiller pour ne rien perdre ? Voici le fonctionnement du congé maternité pour une auto-entrepreneuse, expliqué simplement.

Congé maternité en tant qu'auto-entrepreneuse : quel est le cadre légal ?

Les conditions pour bénéficier du congé maternité auto-entrepreneur

Pour bénéficier du congé maternité en tant qu’auto-entrepreneuse, vous devez :

1. Être affiliée à la CPAM depuis au moins 6 mois à la date prévue d’accouchement
2. Cesser totalement votre activité pendant la période indemnisée. L’arrêt minimum obligatoire est de 8 semaines dont 6 après la naissance, même si vous optez pour un congé plus court que la durée “standard”.

💡 Vous bénéficiez d’un interlocuteur unique : toutes vos démarches et vos paiements passent par la CPAM. L’URSSAF n’instruit pas votre congé maternité.

La durée du congé maternité auto-entrepreneur

Côté durées du congé maternité des indépendants, la logique est la même que pour les salariées, avec des variations selon la situation familiale :

• 16 semaines pour une naissance simple (6 avant, 10 après)
• 26 semaines à partir du 3 ème enfant,
• 34 semaines pour des jumeaux,
• 46 semaines pour des triplés ou plus.

⚠️ Le minimum légal de 8 semaines d’arrêt complet, dont 6 obligatoires après la naissance, s’applique systématiquement.

Repère financement santé : en France, selon Selectra, environ 77 % des dépenses de santé sont couvertes par la Sécurité sociale et plus de 13 % par les complémentaires. Le reste à charge des ménages fait partie des plus faibles d’Europe. Attention : ces chiffres concernent les remboursements de soins. Le congé maternité des indépendantes dépend d’indemnités de remplacement versées par la CPAM, avec un plafond. À ne pas confondre avec la prise en charge des frais médicaux.

Quelles sont les indemnités de congé maternité pour un auto-entrepreneur ?

Quand on est indépendante, le congé maternité repose sur deux prestations clés versées par l’Assurance Maladie. Elles fonctionnent exactement comme pour les autres travailleuses non salariées : une allocation fixe et des indemnités journalières calculées selon vos revenus.

1. L'allocation forfaitaire de repos maternel

C’est la première aide du congé maternité pour un auto-entrepreneur. Elle vise à compenser une partie de l’arrêt d’activité. Son montant est égal au plafond mensuel de la Sécurité sociale (PMSS) en vigueur à la date du premier versement. Au 1er janvier 2025, cela représente 3 925 € au taux plein, versés en deux fois :

• 50% au début du congé maternité
• 50% après la période minimale de 8 semaines.

💡 Si vos revenus professionnels sont inférieurs à 10 % du PASS, vous touchez 10 % du montant, soit 392,50 €.

2. L'indemnité journalière d’interruption d’activité (IJ)

C’est le complément principal du congé maternité pour les indépendantes. Son montant est calculé à partir de vos revenus cotisés, tels qu’ils ont été déclarés à l’Urssaf. L’indemnité journalière ne peut jamais dépasser 1/730 du plafond annuel de la Sécurité sociale en vigueur à la date du premier versement, soit 64,52 € par jour au 1er janvier 2025.

💡 Si votre revenu moyen des trois dernières années est inférieur à 10 % du PASS, vous recevez le taux réduit : l’indemnité journalière tombe alors à 6,45 € par jour.

3. Calcul des indemnités de congé maternité auto-entrepreneur

Pour vous projeter, prenons une durée “standard” de 16 semaines (6 avant, 10 après), soit 112 jours indemnisables.

Scénario A : taux plein

• Allocation : 3 925 € au total, versés en deux fois.
• IJ : 64,52 € / jour, soit environ 7 226 € sur 112 jours, sous réserve d’une base de revenus suffisante.
• Total indicatif sur 16 semaines : environ 11 151 € avant prélèvements sociaux éventuels.

Scénario B : taux réduit (revenus < 10 % du PASS)

• Allocation : 392,50 €.
• IJ : 6,45 € / jour, soit environ, 722 € sur 112 jours.
• Total indicatif : environ 1 114,50 €.

💡Ces montants apportent un soutien utile, mais ils restent plafonnés et ne remplacent pas un revenu complet. D’où l’intérêt de bien tenir sa comptabilité en tant qu'auto-entrepreneur, de préparer sa trésorerie à l’avance et, si nécessaire, de s’appuyer sur une prévoyance pour compléter l’indemnisation.

Comment déclarer son congé maternité en tant qu'indépendante ?

Le mot d’ordre : anticiper. Plus vous fournissez vos documents tôt et sans erreur, plus vos indemnisations seront traitées rapidement et sans accroc :

1. La première étape consiste à déclarer votre grossesse : le médecin ou la sage-femme transmet directement l’attestation à la CPAM. Veillez à ce que ce soit fait avant la fin du 3ème mois pour éviter tout retard dans l’ouverture des droits.
2. Vous devez ensuite valider les dates de votre congé maternité. La CPAM vérifie que votre arrêt couvre bien la durée minimale légale : 8 semaines au total, dont 6 obligatoires après la naissance. Même si vous décidez de réduire la partie prénatale ou d’avancer votre congé, ces 8 semaines d’arrêt effectif doivent être respectées pour maintenir vos droits.
3. Au début officiel de votre congé, vous devez cesser totalement votre activité et en informer la CPAM. C’est cette date qui déclenche le versement de la première moitié de l’allocation forfaitaire.
4. Après la naissance, vous transmettez l’acte de naissance à votre caisse. La CPAM verse alors la seconde moitié de l’allocation, à condition d’avoir respecté les 8 semaines d’arrêt complet. Les indemnités journalières continuent ensuite d’être versées selon le calendrier prévu.

💡 Certaines erreurs peuvent retarder ou réduire vos droits. La plus fréquente est de reprendre une petite activité pendant le congé : même une facture isolée peut bloquer le versement des IJ. Autres pièges classiques : confondre CPAM et URSSAF, transmettre l’acte de naissance trop tard, ou mal caler les dates d’arrêt. Une vérification en amont évite la plupart de ces problèmes.

Côté business : comment anticiper son congé maternité en tant qu'auto-entrepreneur ?

Le congé maternité ne se résume pas aux indemnités : il impacte aussi votre organisation, vos clients et votre trésorerie. L’objectif est simple : vous préparer suffisamment en amont pour que votre activité tourne sans stress pendant votre absence.

1. Informer vos clients avec tact : prévenez-les tôt, avec un message court et rassurant : dates clés, livrables avancés, ce qui change (et ce qui ne change pas). Si un relais est nécessaire, proposez une personne de confiance. Un mini-guide ou quelques consignes claires permettront à un binôme de reprendre facilement le suivi.
2. Sécuriser la trésorerie : constituez un petit matelas de sécurité couvrant idéalement deux mois de charges fixes. Reportez les dépenses non urgentes, étalez les projets coûteux, renégociez les acomptes ou les échéanciers si besoin. L’idée est d’arriver au congé avec une trésorerie lissée et prévisible.
3. Alléger et structurer votre pipe commercial : concentrez-vous sur les missions à forte valeur ajoutée et terminez ce qui dépend uniquement de vous avant le début du congé. Mettez en pause ce qui peut attendre. Programmez des réponses automatiques claires (email, devis, etc.) pour éviter les urgences de dernière minute.

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